« Clearstream, quand le scandale traverse les Alpes… »

« Il est impensable qu’un procureur puisse prendre une décision si délicate sans l’accord, au moins implicite, du pouvoir politique. » Tels sont les propos du correspondant du quotidien La Repubblica à Paris, Gianpietro Martinotti, dans l’édition du 30 janvier dernier. Selon les dires du même journaliste, « il est évident que le chef de l’Etat continue d’espérer une condamnation pour Dominique de Villepin », car « ce procès a fait émerger à droite un homme capable de se mettre en travers de la route de Nicolas Sarkozy en vue de 2012 ». Selon le journal,  « Ils (Sarkozy-Villepin) se détestent de manière si forte que le président n’a pas pu résister à l’attaquer de nouveau, victime de son impulsivité »même si un second non lieu donnerait à Villepin le rôle de « martyr ».

« La France, cette république monarchisée »

Pour La Stampa du 22 septembre de l’année dernière, ce procès illustre les coups perpétués sous la ceinture entre « Chiraquisme » et  « Sarkozysme », mêlant à cela les pratiques des « barbouzes ». Selon Domenico Quirico, la France est « une république monarchisée » sous laquelle le président se constitue partie civile sans soulever « une certaine perplexité ». Il ajoute à cela qu’ « avec l’euthanasie de la gauche » De Villepin peut représenter un « anti Sarko » en vue de 2012, à la condition qu’il « sorte vivant » de ce procès…

« Villepin ou l’effet Boomerang »

Au lendemain du verdict, Massimo Nava, correspondant en France du journal « Il Corriere della Sera » annonçait le retour de Villepin dans l ‘ « arène politique » comme un effet « boomerang » pour Nicolas Sarkozy. Pour M.Nava, Villepin, dont Chirac serait « il padrino » (parrain), a réussi à se « glisser dans le costume de la victime » dans ce procès et Sarkozy enverrait bien ce spécialiste de Napoléon à « Ste Hélène » !

L’Unità nous délivre son analyse : « Sarkozy s’est trompé dans ces calculs » en faisant référence au jugement qui relance l’ex premier ministre de Jacques Chirac. Certains sondages donneraient 8 à 10% d’intentions de vote à Villepin à la prochaine présidentielle, « assez pour compromettre la réélection de Sarkozy » car  l’intervalle gaulliste serait une alternative à droite si l’on s’en remet à l’avis du journaliste de l’Unità Luca Sebastini.

Le quotidien Il Giornale, quant à lui, n’a fait que relater les principaux actes du procès sans émettre d’avis particulièrement critique.


« Marin, indépendant ou influencé? »

En France, Le Figaro relatait les dires catégoriques de Mr Badinter en ce début du mois de février. « L’appel du procureur n’a pas été pris sans l’accord, sinon l’initiative, de l’Elysée ou de la Chancellerie.» déclarait l’ancien ministre de François Mitterand. Depuis le verdict du tribunal, Le Figaro a publié plusieurs titres dont « L’UMP veut oublier Clearstream » ou encore « Villepin trouble le jeu des ambitions à droite ». En effet, selon ce quotidien, le retour de Villepin ne gênerait pas seulement le président de la République mais aussi certains acteurs de la droite comme Juppé ou MAM, les autres représentants possibles de l’alternative Gaulliste. Cependant, Bayrou et le MoDem se réjouiraient, eux, des scissions au sein de la droite.

Le Monde du 1er Fevrier se demandait « pourquoi le président s’obstine ? », faisant référence à l’appel prononcé par le procureur Martin, soupçonné d’être orchestré par la hiérarchie.

Pour sa défense, Mr Martin déclarait au micro d’ Elkabbach sur Europe1 que «tout (n’avait) pas été dit dans cette affaire » et remettait en cause la loyauté de Villepin à l’antenne, en ajoutant que la complicité par abstention existait bel et bien et qu’il était « surprenant de ne pas condamner Villepin » dans cette affaire…

Pour Eva Joly, représentante d‘Europe Ecologie cet appel se résume à une  « parfaite illustration du manque d’indépendance du parquet », pouvait on lire dans le JDD.

Alain Duhamel, dans Libération parle des « maladresses Elyséennes » qui repositionnent Villepin sur l’échiquier politique, après que « les sabres (aient été) brandis dans les deux sens ». Il parle du futur « handicap Villepin » pour Sarkozy.

« Le nouveau boulet de l’UMP »

Enfin, L’Humanité compare Dominique De Villepin à Georges Frêche dans son édition du 2 février. « Ils sont les deux boulets de l’UMP et du PS » et les deux partis politiques se les jettent réciproquement à la figure…

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« Nicolas Hulot, une des personnalités préférées des français… »

Nicolas Hulot est un personnage très populaire dans la société française à l’heure du réchauffement climatique et du développement durable. Il est même intouchable. Lorsque l’on entreprend des recherches sur le plus connu des moteurs de recherches de la toile, en tapant « Hulot », on obtient alors une multitude de résultats tous plus positifs et élogieux sur le travail de cet aventurier « éveilleur de conscience planétaire ». Le combat d’Hulot est suivi et plébiscité par une grande majorité de français, et l’on peut compter sur les doigts d’une main ses détracteurs. Il est en effet difficile de trouver de quoi alimenter un débat sur ce sujet, c’est à dire trouver dans les médias des éléments contradictoires et venant discuter cette notoriété toute acquise par le gourou de l’écologie. Le seul à soutenir une opposition réelle à Nicolas Hulot est notre ancien ministre de l’éducation nationale, Claude Allègre. Celui ci, seul opposant médiatique, s’attire les foudres des médias et des personnalités. Mr Allègre, déjà peu populaire en France depuis qu’il a projeté de « dégraisser le mammouth »,  sous le gouvernement Jospin. Aujourd’hui, en tant que scientifique reconnu (au contraire d’Hulot) il ose attaquer le grand maitre à penser de la France verte, et se retrouve alors montré du doigt comme un homme animé par l’amertume, ulcéré, sans que l’on analyse réellement sa version des faits.

« Des sponsors qui polluent beaucoup »

Essayons de nous pencher sur la vie de Nicolas Hulot pour mieux analyser la popularité et la carrière de ce grand homme. La carrière médiatique de Nicolas Hulot commence avec Ushuaia Nature, l’émission de TV dont il est le présentateur vedette depuis 1987. Il devient grâce à cette émission un familier des téléspectateurs et un des grands porte-parole français de la sauvegarde de la nature de ces 20 dernières années. Il bénéficie rapidement du succès de ses reportages, et en collaboration avec TF1,  de nombreux produits dérivés sont mis en vente dans la grande distribution. Dès lors le business estampillé Hulot devient plus que rentable. En plus de son salaire chez TF1 évalué à 30 000€ (selon le site « la décroissance »), Nicolas Hulot et Ushuaia génèreraient la modique somme de 100 millions d’euros par an (source : « la décroissance »). Ce riche et célèbre présentateur TV fait aujourd’hui la « morale écolo » aux français en leur demandant gentiment de « fermer le robinet lorsqu’ils se brossent les dents », pendant que lui passe son temps dans les avions et les hélico, sans oublier sa participation au Paris Dakar en 1980 et ses nombreux reportages sur sa moto… En outre, sa fondation est soutenue par des gros sponsors pas toujours en phase avec l’écologie : TF1, L’Oréal, EDF (qui tire son énergie grâce au nucléaire), Les autoroutes du Sud de la France, Norauto, Bouygues Telecom ou encore Lafarge…

Le comité de soutien de Nicolas Hulot est composé de personnalités à la tête d’entreprises qui polluent énormément. Ces multinationales soutiennent la Fondation Hulot et récupèrent au passage la « pastille verte », marque de leur engagement en faveur de la nature et du développement durable, ce qui redore leur image.

« Ecologie: cause sacrée »

La popularité de Nicolas Hulot ne connaît pas la crise car celui ci n’est pas engagé sur la scène politique et n’a pas vraiment d’ennemis, en effet, tous essaient actuellement de surfer sur la vague « verte », médias inclus. L’hebdomadaire Marianne évoque « La grande communion écolo-médiatique » et titre même : « L’écologie serait-elle devenue une cause sacrée ? » Hulot bénéficie encore et toujours de sa position d’homme sympa, intègre, qui aime la nature et les animaux, il ne choque personne et n’attaque directement personne non plus. Pratique pour n’avoir que des amis…

En plus du phénomène Hulot, on a assisté ces derniers mois à une omniprésence écolo sur nos écrans noirs. De Yann Arthus Bertrand et son film « Home », véritable plaidoyer pour l ‘écologie, réalisé avec Luc Besson et diffusé à la veille des élections européennes ( !)  , au score inattendu (…) deux jours plus tard de ce nouveau parti « Europe Ecologie ».


Et dire que Claude Allègre était pressenti pour entrer dans le gouvernement d’ouverture de François Fillon à la suite des européennes…

Le « buzz » écolo devait connaître son apogée au sommet de Copenhague, mais il n’en a rien été. Depuis, la vague verte s’essouffle un peu, les médias nous submergent moins de bonnes résolutions  « durables », et les français ont connu une vague de froid cet hiver qui ne les a pas convaincus  du bien fondé de la thèse du réchauffement climatique !

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«Il dibattito francese sull’identità nazionale ripreso dal Partito Democratico italiano… non dalla Lega nord « 

Ecco un articolo pubblicato da Daniele Sensi sul Blog « l’anticomunitaristà », che ci presenta l’impatto del dibattito sull’identità nazionale in Italia.

La Lega dei diritti dell’uomo (quella stessa lega sorta all’epoca dell’Affaire Dreyfus) l’ha definita « un’operazione illegittima che mira a dividere i cittadini francesi tra ben accetti e indesiderati »; Sos Racisme ne ha denunciato i propositi xenofobi e antislamici, lanciandogli contro un appello sottoscritto da intellettuali, cantanti, attori, registi, sportivi, senatori, sindaci e deputati; il Partito socialista ha invitato tutti i suoi rappresentanti locali a boicottarne gli incontri, perché « indegni » e « inaccettabili »; Bayrou, leader del partito di centro, ne ha bollato i promotori come « manovratori che per calcolo elettorale si mettono a far leva sulle peggiori pulsioni della gente »; persino la stampa conservatrice ha espresso riserve: il settimanale Le Point ha parlato di « stato febbrile di una maggioranza pronta a tutto per riaccendere gli entusiasmi prima delle Regionali »…

Tanto osteggiato dalla società civile francese, il « Dibattito sull’identità nazionale » voluto dal governo Sarkozy (100 prefetti e 350 viceprefetti mobilitati d’ufficio dal ministero dell’Immigrazione per promuovere, in lungo e in largo per tutta la Francia, incontri pubblici sul tema: « La nostra è una Repubblica multiculturale? Di quali valori è fatta la nostra identità? ») raccoglie tuttavia un importante plauso proprio in Italia. Da parte di esponenti della Lega Nord? No. Di quelli del Partito democratico.

Enrico Letta : » identità nazionale, un’esperenzia interessante che l’Italia dovrebbe copiare »

Oggi Enrico Letta (Partito Democratico) ha infatti avuto l’acume politico e culturale di definire quel dibattito « un’esperienza interessante che l’Italia dovrebbe copiare”…

Dell’iniziativa di Sarkozy, Bernard-Henri Lévy ha scritto: « Identità si dice dei soggetti, non delle collettività; si dice al plurale, mai al singolare; e dimenticarlo, ridurre una nazione alla rigidità di una supposta ‘identità’, significa impoverirla, farla morire, proprio quando le si vorrebbe dare fiducia nel suo avvenire(…). Tuttavia, se proprio esiste un’identità in panne, questa è l’identità europea ».

Ecco, un Partito democratico che ripartisse da lì, dalla nuova, straordinaria dimensione del nostro stare insieme, anziché trincerare la propria indecisa e zoppicante visione del mondo dietro a posticce bandiere tricolore sventolate senza entusiasmo, saprebbe risparmiarsi (e risparmiarci) certe infelici sortite e contrastare, con coerenza e continuità, una pericolosa ondata di ripiegamento identitario che non coinvolge questo o quel paese, ma l’Europa nel suo insieme.

Daniele Sensi

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Entretien avec… Marcelle Padovani

Licenciée en philosophie, diplômée de Sciences Po et docteur en sciences politiques, Marcelle Padovani débute à l’Express, puis passe au Nouvel Observateur où elle couvre la gauche française au moment de la prise  de pouvoir du nouveau président de la république :  François Mitterrand.

Plus tard, elle demandera et obtiendra le poste qu’elle convoite, c’est à dire correspondant en Italie. Pourquoi l’Italie ? Parce qu’elle était «  fascinée de longue date par son coté “laboratoire” et par sa capacité à inventer des solutions nouvelles, sur les plan politique, économique et social. Fascinée aussi par le phénomène Mafia. »

Elle a écrit huit livres sur l’Italie, sur le communisme, sur le terrorisme, sur la mafia, sur la Sicile, plus deux livres-entretien: l’un avec Leonardo Sciascia (La Sicile comme métaphore) et l’autre avec le juge Giovanni Falcone (Cosa Nostra: le juge et les hommes d’honneur).

Marcelle Padovani est aussi à l’origine de plusieurs films télé dont un portrait de Falcone et un reportage sur les femmes et la mafia.

Quelles sont les particularités des Médias italiens ?

La première chose qui m’a frappée dès que je suis déboulée en Italie c’est le caractère élitaire, très peu pédagogique de la presse italienne, même pour ses grands quotidiens indépendants, tels Il Corriere della sera et La Repubblica. On suppose du lecteur qu’il connaisse déjà beaucoup lorsqu’on lui propose de lire un article. Il arrive souvent qu’on arrive à la fin d’un papier sans avoir compris quelle est l’information qui l’a motivé. C’est incontestablement un défaut.

La deuxième caractéristique qui m’a frappée, c’est le refus des chiffres, de la statistique, de l’enquête chiffrée, de la recherche d’informations quantifiables. Je crois que c’est un défaut non seulement de la presse mais de la société toute entière. Je me souviens, il y a une quinzaine d’années, je cherchais à savoir le nombre d’employés d ans la fonction publique, je ne trouvais rien, j’ai fini par appeler le cabinet du ministre, et on m’y a répondu, parce qu’on n’avait pas ce chiffre: ”C’est un secret d’Etat”…Du nombre d’employés publics comme secret d’Etat!!!

Troisième “défaut” : la tendance au “cerchiobottismo”, c’est à dire la tendance à se laver les mains d’un gros problème politique ou social, plutôt que d’avoir le courage de donner une opinion tranchée. Par exemple : le “procès bref”, récemment voté au Sénat, qui effacera des centaines de milliers de procès , tout simplement pour pouvoir effacer les deux procès qui mettent au pilori le Président du Conseil… Eh bien, il y a des grands quotidiens qui font semblant de ne pas s’apercevoir de la gravité de la chose, du fait que c’est la fin de la justice d’une certaine façon et qui titrent :”Le procès bref est voté…La polémique explose”, suivi de deux interviews, l’une favorable au projet gouvernemental, l’autre contraire… avec une évidente fuite de responsabilités car le journal en tant que tel ne prend pas position…

En revanche, et cela plaide en faveur de la presse italienne, les grands journalistes, les éditorialistes, sont très souvent beaucoup plus cultivés que les confrères français. Et ils parlent plusieurs langues.

Selon vous, pourquoi les « Verts » italiens ne connaissent le même essor qu’en France ?

L’écologie italienne est depuis toujours divisée en deux tronçons : ceux qui veulent seulement défendre la qualité de la vie, du territoire et du milieu, et ceux qui pensent que cette défense passe par un engagement dans les rangs de la gauche. Cette division a diminué l’impact des thèmes écolo. L’écologie italienne est aussi en proie à des profondes rivalités de personnes, qui rendent le staff des Verts impuissant.

Pourtant la sensibilité envers les thèmes écolo est importante. Elle est plus forte au Nord qu’au Sud, et c’est évidemment au Sud que les plus grands désastres ont lieu : pollution, destruction des cotes, urbanisation sauvage, trafic de déchets même toxiques.

En France, La Ligue du Nord est seulement connu pour être xénophobe et raciste. Est ce une vision objective ? Disposons nous d’assez d’informations dans les médias français sur ce sujet ?

La Ligue du Nord est un parti ouvertement xénophobe, qui promeut des lois anti immigrés, qui se vante de repousser les bateaux charges de migrants qui s’approchent des cotes italiennes, qui a inventé le délit d’immigration clandestine , qui demande des enseignants du Nord pour les élèves du Nord , qui préconise la sécession, qui fait pisser des cochons sur les emplacements destinés aux mosquées, qui a inventé les “rondes” anti immigrés, qui a eu le culot, dans une ville comme Trévise, d’ôter les bancs dans les jardins publics pour éviter que les immigrés ne s’y asseyent… Qui dit mieux, comme xénophobie militante et concrète ?

Pensez vous qu’un tel sujet puisse contribuer à donner une mauvaise image des Italiens à l’étranger ?

Je ne sais pas si les Français sont bien ou mal informés sur la Ligue du Nord, mais je sais en revanche que le discrédit qui frappe l’image de l’Italie à l’étranger, et qui suscite la floraison des clichés, ce n’est pas forcément la Ligue du Nord mais plutôt l’actuel Président du Conseil Berlusconi, avec son cortège de conflits d’intérêt, ses attaques contre la justice, ses histoires de bonnes femmes, son maquillage outrancier et ses comportements de matamore.

Quel est l’écho en Italie de la crise que traverse le Parti Socialiste Français ?

Il y a en ce moment très peu d’infos sur ce sujet dans la presse italienne. Très peu d’intérêt aussi. Parce que la situation de la gauche italienne est si catastrophique que personne n’a envie de connaître les soucis d’une consœur européenne, aussi sympathique puisse t’elle être. Mais d’une manière générale, contrairement aux Français, les Italiens ont tendance à surévaluer, à surestimer tout ce qui est étranger par rapport à tout ce qui est national. C’est ce qu’on appelle ici l’ ”autolésionisme” péninsulaire. Le contraire de l’arrogance française. Donc la gauche française doit surement jouir d’un préjugé favorable dans les tréfonds de l’âme italienne…

Remerciements à Marcelle Padovani.

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Entretien avec… Alberto Toscano

Alberto Toscano (né le 25 mars 1948 à Novare, au Piémont, Italie) est un journaliste et écrivain italien, résidant en France depuis 1986 et collaborant à plusieurs média italiens et français.

Alberto Toscano est diplômé en sciences politiques de l’Università statale di Milano .Il a été rétrospectivement chef du service international de l’hebdomadaire italien Rinascita , rédacteur et envoyé spécial du quotidien L’Unità, ,correspondant à Paris du quotidien économique ItaliaOggi. Auteur depuis cette date de plus de 5 000 articles sur la France, publiés par des journaux italiens de différentes tendances politiques : ItaliaOggi, L’Indipendente, Il Secolo XIX, Il Giornale, Panorama, Il Riformista.

Il collabore auprès de  plusieurs radio et télé : en Italie sur la radio de la Rai et des chaînes de télévision privées du groupe Mediaset ; en France – après des années sur RFI, France Culture et France Inter– il fait partie du groupe des polémistes de l’émission On refait le monde sur RTL et il intervient sur TV5.

Il fut également le président de l’Association de la Presse étrangère et auteurs de nombreux livres.

Alberto Toscano a accordé cet entretien au Blog France/Italia le 16 janvier 2010, durant lequel il a été question de La Lega Nord, du PS et du traitement de l’information dans les médias français et italiens.

Lega Nord

« Concernant la Lega tout est simple ! », c’est par cette phrase que l’entretien avec Alberto Toscano a commencé lorsque je lui ai demandé d’évoquer le sujet concernant la Lega Nord.

En effet, d’après mon interlocuteur, la montée en puissance de la Lega Nord en Italie à partir des années 90’ est liée à un phénomène simple : l’augmentation des taxes fiscales en Italie depuis les années 70’-80’.

Au nord de l’Italie, un mécontentement général s’est alors fait ressentir car les habitants de l’Italie septentrionale, région la plus dynamique économiquement parlant, ont dénoncé le fait de payer proportionnellement plus de taxes que les habitants du sud du pays, soupçonnés de ne pas déclarer clairement l’ensemble de leurs revenus.

Le parti de la Lega nord (ligue du nord en français) connaît ses premiers succès à la suite de l’affaire « mani pulite » (mains propres) qui a comme conséquence l’écroulement et le renouvellement de la classe politique italienne au début des années 90’. La Lega n’est pas touchée par ce scandale de financement illégal des partis politiques et son leader, Umberto Bossi ne voit pas sa réputation entachée par l’affaire et les procès consécutifs à ce scandale national de très grande envergure. Il bénéficie donc à ce moment là d’une image d’homme honnête, non corrompu qui se reflète dès lors sur son parti. Et cela se fera ressentir dès 1994, année de l’arrivée au pouvoir du Cavaliere, allié à la Lega Nord.

La Lega connaît donc le pouvoir au sein de la coalition du centre droit italien avec Silvio Berlusconi, nouveau président du conseil, à sa tête.

« Lega Nord et Berlusconi, entre alliances et défiances… »

Dans le but de renforcer et d’affirmer son indépendance, la Lega « fera chuter » Berlusconi en se retirant de la coalition menée par le Cavaliere en 1995. La Lega fera en effet partie du nouveau gouvernement « technique » présidé par  Dini en 1995, qui prendra la suite du gouvernement Berlusconi I. Depuis cet épisode, le temps a fait son effet et l’on compte à nouveau la Lega  parmi les alliés de Silvio Berlusconi et elle fait actuellement partie de la coalition au pouvoir en Italie, depuis 2008.

Aujourd’hui, la Lega ne cesse de gagner des points aux élections, et empreinte un créneau populiste qui marche plutôt bien. On assiste alors à des déclarations théâtrales et incroyables de la part de certains dirigeants du parti qui donnent lieu à des dérapages racistes et xénophobes relayés massivement dans tous les médias italiens et étrangers, à un tel point qu’on a l’impression de ne connaître que cela de ce parti dit « sulfureux ». Les médias assimilent même trop souvent les italiens  à ce type de déclarations négatives. Selon Alberto Toscano, grand nombre d’électeurs de la Lega sont conscients des dérives de certains responsables et élus du parti fédéraliste, ils savent aussi que quelques uns de ces élus sont ouvertement racistes et xénophobes.

Toscano : « le racisme n’est pas une généralité au sein de la Lega »

Cependant il ne convient pas de faire une généralité de ces individus, ni de se focaliser sur certains actes (certes très médiatiques). De plus, les cotés honnête, droit et proche des préoccupations du peuple de la Lega  Nord priment souvent au moment d’aller remplir les urnes.

Depuis peu, la Lega se préoccupe  beaucoup du débat sur l’entrée possible de la Turquie dans l’Union Européenne, entrée soutenue par le Président du conseil italien. En effet, Silvio Berlusconi est favorable à l’entrée de la Turquie dans l’UE et la Lega se positionne face au leader du PDL. Pour Alberto Toscano, la Lega emploie cette stratégie afin de « voler » des voix à Silvio Berlusconi et son parti dans l’optique des futures élections.

« La logique stratégique de la Lega est celle de Craxi dans le passé »

La stratégie de la Lega est de marquer son indépendance en tant que parti important sur l’échiquier politique italien, et ceci dans l’optique de « pouvoir peser » dans l’avenir politique italien, notamment au moment de la formation des coalitions de  droite ou de gauche  à venir. « La logique de la Lega est celle de Bettino Craxi dans le passé »,déclare Alberto Toscano, c’est à dire récolter peu de voix par rapport aux grands partis politiques mais pouvoir faire « pencher la balance dans un sens ou dans l’autre », ce qui représente une position très forte.

La Lega et les Médias.

L’auteur de « critique amoureuse des français », son dernier livre paru en 2009, est catégorique : « la Presse française à l’habitude de simplifier à l’extrême l’Italie », ainsi l’Italie est souvent banalisée  à travers de tels sujets. « La presse se base purement et simplement sur des stéréotypes et des lieux communs » déclare Alberto Toscano et l’on peut en voir l’illustration à travers l’actualité (mince) de la Lega dans les médias français.

Le PS français en crise

« Vu d’Italie, on ne comprend pas les choix stratégiques du Parti Socialiste français et ses divisions au sein même du parti ». Voici le résumé de ce que les italiens pensent du parti majoritaire de la gauche française si l’on en croit Alberto Toscano.

« Des choix et des divisions incompréhensibles »

Pour Alberto Toscano, qui parle au nom de ses compatriotes, c’est incompréhensible que le parti socialiste ne cherche pas à s’allier avec le MoDem, François Bayrou, et plus généralement le Centre alors qu’il préfère toujours chercher des alliances à la gauche du parti. Le PS se retrouve comme « prisonnier de son histoire » en reniant la mondialisation, le libéralisme et l’importance de l’économie pour privilégier de possibles associations avec l’extrême gauche ou les verts.

En Italie, au contraire, la gauche  a su  dans son histoire s’allier avec des partis situés « à sa droite » comme des partis centristes ou indépendants.

Aujourd’hui, le PS est désigné comme un parti « ringard » par les italiens malgré la popularité de Ségolène Royal en 2007, reconnue à l’époque comme une femme politique d’avenir et une candidate sérieuse de l’opposition face à Nicolas Sarkozy. En 2010, les avis ont changés et cela est surement du au fait que le PS est devenu illisible vu de l’étranger car en manque de leader, d’idées et de projet clair et défini.

Le Traitement de l’information dans les médias français et italiens.

Alberto Toscano, en tant que journaliste présent des deux cotés des Alpes indique que, selon lui, il n’y a pas de grandes différences entre les médias français et italiens dans le traitement de l’information.

« Le règne de l’info spectacle »

Nous sommes spectateurs impuissants du règne de « l’info spectacle », très stéréotypée et dans laquelle on ne trouve que peu d’analyses poussées. Alberto Toscano prend l’exemple du problème des banlieues exagéré jadis par les médias italiens ,ainsi que celui des médias français qui ont une fâcheuse tendance à toujours associer l’Italie à des problèmes mafieux et racistes.

« Il n’y a pas de volonté de la part des médias de livrer une information vraie et bien analysée car l’on pense que ça n’intéresse pas le lecteur », voici le triste bilan dressé par Alberto Toscano.

Remerciements à Alberto Toscano

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Entretien avec… Michele Canonica


Michele Canonica (né le 23 août 1948 à Turin en Italie) est un journaliste italien.

Durant sa carrière il fut Grand reporter des hebdomadaires L’espresso et Panorama, Correspondant à Paris et commentateur politique à Rome de plusieurs grands quotidiens italiens, Directeur de la communication de la Chambre de Commerce Italienne à Paris pour la France  et Directeur de la revue France Italie.

Il est l’actuel Président, depuis 2007 ,du Comité de Paris de la Società Dante Alighieri, Président depuis 1998 de L’Italie en direct – L’Italia in diretta, qui produit des émissions radiophoniques sur les différents aspects de la présence italienne en France

Il a publié les volumes bilingues suivants :

Une amitié difficile – Entretiens sur deux siècles de relations franco-italiennes, avec Gilles Martinet et Sergio Romano, 1999 ;

Italiens de prestige à Paris et Ile-de-France, avec Florence Vidal, 2002.

J’ai pu m’entretenir avec Michele Canonica sur la question de l’impact de l’écologie en France et en Italie, il m’a accordé une interview le 14 janvier 2010.

« La crise du Parti Democrate italien profite a l’Italie des Valeurs, pas aux Verts »

Selon Mr Canonica, en France comme en Italie les principaux partis de gauche, (respectivement le Parti Socialiste et le Partito Democratico) traversent une crise forte en ce moment, qui se fait ressentir tant dans les urnes que dans l’opinion publique. Ainsi, à la gauche de ces gros partis, en France tout comme en Italie on a vu apparaître des nouvelles forces en présence: en France Europe Ecologie et son score impressionnant aux élections européennes de 2009, en Italie le parti l’Italia dei valori qui occupe une place de plus en plus importante sur l’échiquier politique italien.

On trouve plusieurs points communs si l’on compare ces deux partis politiques. En effet, il sont portés par des sentiments forts, présents dans les deux pays, et représentés par des leaders charismatiques ayant déjà eu un rôle important dans l’histoire politique de leur pays respectif.

« l’Ecologie en France, entre valeurs réelles, effet de mode et opportunisme »

En France, l’écologie est devenu un sujet récurrent et présent sur le devant de la scène lors des débats politiques autant qu’au sein de la population. Elle est portée par Daniel Cohn Bendit  et son parti Europe Ecologie, et une grande partie de la population, des responsables politiques et des personnalités adhèrent aux idées écologistes. Selon mon analyse, cette poussée de l’écologie représente un mélange de valeurs écologiques réelles, d’effet de mode, et d’opportunisme. En effet les valeurs vertes sont très en vogue en France et celui qui ose se positionner contre est montré du doigt.

En Italie, comme indiqué lors d’articles précédents dans ce blog, l’écologie en politique n’a pas connu le même essor, et de loin (aucun siège « vert » au parlement européen). Comme nous le disions en introduction, l’intervalle a été pris par le parti de gauche « Italia dei Valori ». Ce parti est un parti politique italien fondé à Rome en 1998 par Antonio Di Pietro, un ancien magistrat de « Mani pulite ». Aux élections européennes de juin 2009, il devient le 4e parti italien, avec 2 452 731 voix (8,08 %) et 7 députés membres du groupe ADLE. Aux précédentes élections européennes et régionales de 2004, ce parti s’était présenté avec le symbole Lista Di Pietro – Italia dei Valori : il avait obtenu 694 963 votes, avec 2,1 % des voix, l’élection d’Antonio Di Pietro comme député européen et celle de son allié, un ancien communiste, Achille Occhetto , ce dernier avait immédiatement démissionné pour laisser la place à un autre ancien membre du Parti communiste italien, Chiesa.

« Di Pietro et le créneau de la gauche anti-corruption,anti-Berlusconi »

« L’Italie des Valeurs » s’en prend clairement à Silvio Berlusconi et à la « corruption » de la classe politique. Des thèmes qui ont de l’avenir dans le paysage politique encore instable de l’Italie actuelle.

On se rappelle du juge Di Pietro comme d’un homme droit, anti corruption, qui n’ pas hésité à exclure de la vie politique italienne des hommes de pouvoir come B.Craxi, mêlant au scandale politique nombre d’amis de l’actuel président du Conseil. Le parti de Di Pietro gagne donc les voix de certains  électeurs de gauche anti Berlusconi qui ne croient plus au PD.

« Plus de nucléaire en Italie depuis Tchernobyl »

D’autre part, Le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources de pétrole et de gaz font du nucléaire une énergie propre et pleine d’avenir, peut être la seule solution pour permettre la survie de notre civilisation moderne en respectant l’environnement. Or, en 1987, soit un an après la catastrophe de Tchernobyl, il fut décidé par référendum de la sortie du nucléaire civil en Italie, entre autres grâce ou à cause des partisans écologistes (ce qui pourrait leur être reproché aujourd’hui). Les quatre centrales nucléaires présentes en Italie furent arrêtées, la dernière en 1990. Ainsi, l’Italie importe de l’électricité nucléaire (notamment de France), et la société italienne Enel SPA investit dans la construction de réacteurs nucléaires en France et en Slovaquie, ainsi qu’au développement de la technologie de l’EPR.

En mai 2008, le nouveau gouvernement de Silvio Berlusconi a annoncé le retour à l’énergie nucléaire dans les cinq ans. Le gouvernement italien se propose de poser la première pierre du renouveau nucléaire italien d’ici à 2013, pour une mise en service en 2018.

En conclusion, pour le spécialiste qu’est Michele Canonica de la France et de l’Italie, on peut mesurer les différences de l’impact de l’écologie dans la vie politique des deux cotés des Alpes grâce à plusieurs éléments : l’affaiblissement du Pd italien a profité au groupe l’Italia dei Valori de Di Pietro et n’a pas laissé de place pour une force verte.

De plus, toujours d’après lui, « les  écologistes  italiens n’ont pas de Cohn Bendit », ce qui met en cause la faiblesse du leadership Vert italien.

Enfin l’épisode post Tchernobyl et l’arrêt demandé du nucléaire n’aura surement pas jouer en leur faveur à l’heure du retour en force de cette énergie dite propre.

Remerciements à Michele Canonica.

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Le PS vu par nos voisins italiens

D’après quelques articles de lus dans l’Espresso, on peut dire que la tentative de M.Aubry visant à restaurer le parti des éléphants semble de plus en plus périlleuse. Aux dernières élections (européennes) le PS a failli chuter face à un parti construit en quelques mois seulement: Europe Ecologie.

Martine Aubry connaît aussi un problème de légitimité depuis qu’elle a été la cible d’accusations de fraude électorale concernant son accession à la tête du PS.

« Royal stoppée par les Eléphants »

Toujours selon l’Espresso, les éléphants Hollande, Fabius, etc auraient voulu empecher S.Royal d’être élue secretaire du PS afin de la stopper dans son élan en vue de 2012, mais pour empecher toute remarque sexiste, ils auraient tout fait pour voir triompher M.Aubry. Aujourd’hui Royal semble avoir perdu son impact auprès des électeurs de gauche. Elle se dit « libre et sereine  »  et indique qu’elle évaluera la situation d’ci à 2012 pour annoncer si elle sera candidate ou non. Pour l’hebdomadaire italien, les français auraient déjà choisi pour elle, en faisant référence aux 91,2 % qui ont snobé l’émission de TV qui lui était consacrée sur France 2.

« La crise aurait du profiter à la Gauche, selon la Stampa »

On pouvait lire dans le quotidien La Stampa une critique de la gauche francaise dernièrement. Pour ce journal, celle ci aurait du profiter du contexte de crise économique pour gagner des points face à la majorité. Cependant N.Sarkozy serait celui qui aurait développé le plus grand nombre d’idées et de décisions dites de gauche, barrant toute progression de l’opposition.

« Seul Strauss Kahn pourrait battre Sarkozy en 2012″

Enfin le site internet RAI News nous donnait un avant goût de la présidentielle de 2012 grâce à un sondage. Selon celui-ci Sarkozy ne pourrait être défait au second tour que par un seul candidat de gauche: D.Strauss Kahn. En effet, Royal ne réaliserait qu’un score de 45%, Hollande 43%, et Aubry 47%.

En Italie comme en France la presse est très critique envers le PS français en attaquant leur manque de résultats, de réel leader et de projet commun à court terme comme à long terme.

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