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De Rome à Paris: Info spectacle, clichés et lieux communs

Que retiendra-t-on de l’info « politique » française et italienne de ces derniers mois?

On peut déjà répondre à cette question sans prendre aucun risque: les scandales! Et oui, cette année encore les médias français et italiens  auront  alimenté plus que de raison la rubrique « politique-spectacle ».


Du divorce de Silvio Berlusconi causé par ses frasques avec des « escort girls », du fait qu’il ne se soit pas rendu à l’anniversaire de sa fille (événement primordial concernant la pérennité politique du pays), en passant par le coup de la statuette milanaise, show en live diffusé en boucle sur nos écrans, jusqu’à la vraie fausse rumeur concernant les liaisons extra conjugales du couple Sarkozy-Bruni, relayées ou non par Rachida Dati… Que d’analyses, d’infos, de débats importants à l’heure de la crise mondiale!






Attention, le procès ici fait aux médias ne veut pas généraliser le comportement de plusieurs journalistes,canards et autres chaînes de télévision qui exploitent à fond le rentable filon de l’info-spectacle. Cependant, il conviendrait de privilégier le fond à la forme, de quitter les terrains du lieu commun pour explorer celui de la réelle analyse.

Le 11 juin prochain, la coupe du monde de football en Afrique du Sud prendra le relais de cette info spectacle, et l’on parlera alors beaucoup plus de Domenech,Lippi,Henry ou Buffon que des sujets moins légers…

Voici un petit aperçu des clichés français vu par le blog italien de Daniele Sensi :

L'Europe vue par les français

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« Clearstream, quand le scandale traverse les Alpes… »

« Il est impensable qu’un procureur puisse prendre une décision si délicate sans l’accord, au moins implicite, du pouvoir politique. » Tels sont les propos du correspondant du quotidien La Repubblica à Paris, Gianpietro Martinotti, dans l’édition du 30 janvier dernier. Selon les dires du même journaliste, « il est évident que le chef de l’Etat continue d’espérer une condamnation pour Dominique de Villepin », car « ce procès a fait émerger à droite un homme capable de se mettre en travers de la route de Nicolas Sarkozy en vue de 2012 ». Selon le journal,  « Ils (Sarkozy-Villepin) se détestent de manière si forte que le président n’a pas pu résister à l’attaquer de nouveau, victime de son impulsivité »même si un second non lieu donnerait à Villepin le rôle de « martyr ».

« La France, cette république monarchisée »

Pour La Stampa du 22 septembre de l’année dernière, ce procès illustre les coups perpétués sous la ceinture entre « Chiraquisme » et  « Sarkozysme », mêlant à cela les pratiques des « barbouzes ». Selon Domenico Quirico, la France est « une république monarchisée » sous laquelle le président se constitue partie civile sans soulever « une certaine perplexité ». Il ajoute à cela qu’ « avec l’euthanasie de la gauche » De Villepin peut représenter un « anti Sarko » en vue de 2012, à la condition qu’il « sorte vivant » de ce procès…

« Villepin ou l’effet Boomerang »

Au lendemain du verdict, Massimo Nava, correspondant en France du journal « Il Corriere della Sera » annonçait le retour de Villepin dans l ‘ « arène politique » comme un effet « boomerang » pour Nicolas Sarkozy. Pour M.Nava, Villepin, dont Chirac serait « il padrino » (parrain), a réussi à se « glisser dans le costume de la victime » dans ce procès et Sarkozy enverrait bien ce spécialiste de Napoléon à « Ste Hélène » !

L’Unità nous délivre son analyse : « Sarkozy s’est trompé dans ces calculs » en faisant référence au jugement qui relance l’ex premier ministre de Jacques Chirac. Certains sondages donneraient 8 à 10% d’intentions de vote à Villepin à la prochaine présidentielle, « assez pour compromettre la réélection de Sarkozy » car  l’intervalle gaulliste serait une alternative à droite si l’on s’en remet à l’avis du journaliste de l’Unità Luca Sebastini.

Le quotidien Il Giornale, quant à lui, n’a fait que relater les principaux actes du procès sans émettre d’avis particulièrement critique.


« Marin, indépendant ou influencé? »

En France, Le Figaro relatait les dires catégoriques de Mr Badinter en ce début du mois de février. « L’appel du procureur n’a pas été pris sans l’accord, sinon l’initiative, de l’Elysée ou de la Chancellerie.» déclarait l’ancien ministre de François Mitterand. Depuis le verdict du tribunal, Le Figaro a publié plusieurs titres dont « L’UMP veut oublier Clearstream » ou encore « Villepin trouble le jeu des ambitions à droite ». En effet, selon ce quotidien, le retour de Villepin ne gênerait pas seulement le président de la République mais aussi certains acteurs de la droite comme Juppé ou MAM, les autres représentants possibles de l’alternative Gaulliste. Cependant, Bayrou et le MoDem se réjouiraient, eux, des scissions au sein de la droite.

Le Monde du 1er Fevrier se demandait « pourquoi le président s’obstine ? », faisant référence à l’appel prononcé par le procureur Martin, soupçonné d’être orchestré par la hiérarchie.

Pour sa défense, Mr Martin déclarait au micro d’ Elkabbach sur Europe1 que «tout (n’avait) pas été dit dans cette affaire » et remettait en cause la loyauté de Villepin à l’antenne, en ajoutant que la complicité par abstention existait bel et bien et qu’il était « surprenant de ne pas condamner Villepin » dans cette affaire…

Pour Eva Joly, représentante d‘Europe Ecologie cet appel se résume à une  « parfaite illustration du manque d’indépendance du parquet », pouvait on lire dans le JDD.

Alain Duhamel, dans Libération parle des « maladresses Elyséennes » qui repositionnent Villepin sur l’échiquier politique, après que « les sabres (aient été) brandis dans les deux sens ». Il parle du futur « handicap Villepin » pour Sarkozy.

« Le nouveau boulet de l’UMP »

Enfin, L’Humanité compare Dominique De Villepin à Georges Frêche dans son édition du 2 février. « Ils sont les deux boulets de l’UMP et du PS » et les deux partis politiques se les jettent réciproquement à la figure…

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« Nicolas Hulot, une des personnalités préférées des français… »

Nicolas Hulot est un personnage très populaire dans la société française à l’heure du réchauffement climatique et du développement durable. Il est même intouchable. Lorsque l’on entreprend des recherches sur le plus connu des moteurs de recherches de la toile, en tapant « Hulot », on obtient alors une multitude de résultats tous plus positifs et élogieux sur le travail de cet aventurier « éveilleur de conscience planétaire ». Le combat d’Hulot est suivi et plébiscité par une grande majorité de français, et l’on peut compter sur les doigts d’une main ses détracteurs. Il est en effet difficile de trouver de quoi alimenter un débat sur ce sujet, c’est à dire trouver dans les médias des éléments contradictoires et venant discuter cette notoriété toute acquise par le gourou de l’écologie. Le seul à soutenir une opposition réelle à Nicolas Hulot est notre ancien ministre de l’éducation nationale, Claude Allègre. Celui ci, seul opposant médiatique, s’attire les foudres des médias et des personnalités. Mr Allègre, déjà peu populaire en France depuis qu’il a projeté de « dégraisser le mammouth »,  sous le gouvernement Jospin. Aujourd’hui, en tant que scientifique reconnu (au contraire d’Hulot) il ose attaquer le grand maitre à penser de la France verte, et se retrouve alors montré du doigt comme un homme animé par l’amertume, ulcéré, sans que l’on analyse réellement sa version des faits.

« Des sponsors qui polluent beaucoup »

Essayons de nous pencher sur la vie de Nicolas Hulot pour mieux analyser la popularité et la carrière de ce grand homme. La carrière médiatique de Nicolas Hulot commence avec Ushuaia Nature, l’émission de TV dont il est le présentateur vedette depuis 1987. Il devient grâce à cette émission un familier des téléspectateurs et un des grands porte-parole français de la sauvegarde de la nature de ces 20 dernières années. Il bénéficie rapidement du succès de ses reportages, et en collaboration avec TF1,  de nombreux produits dérivés sont mis en vente dans la grande distribution. Dès lors le business estampillé Hulot devient plus que rentable. En plus de son salaire chez TF1 évalué à 30 000€ (selon le site « la décroissance »), Nicolas Hulot et Ushuaia génèreraient la modique somme de 100 millions d’euros par an (source : « la décroissance »). Ce riche et célèbre présentateur TV fait aujourd’hui la « morale écolo » aux français en leur demandant gentiment de « fermer le robinet lorsqu’ils se brossent les dents », pendant que lui passe son temps dans les avions et les hélico, sans oublier sa participation au Paris Dakar en 1980 et ses nombreux reportages sur sa moto… En outre, sa fondation est soutenue par des gros sponsors pas toujours en phase avec l’écologie : TF1, L’Oréal, EDF (qui tire son énergie grâce au nucléaire), Les autoroutes du Sud de la France, Norauto, Bouygues Telecom ou encore Lafarge…

Le comité de soutien de Nicolas Hulot est composé de personnalités à la tête d’entreprises qui polluent énormément. Ces multinationales soutiennent la Fondation Hulot et récupèrent au passage la « pastille verte », marque de leur engagement en faveur de la nature et du développement durable, ce qui redore leur image.

« Ecologie: cause sacrée »

La popularité de Nicolas Hulot ne connaît pas la crise car celui ci n’est pas engagé sur la scène politique et n’a pas vraiment d’ennemis, en effet, tous essaient actuellement de surfer sur la vague « verte », médias inclus. L’hebdomadaire Marianne évoque « La grande communion écolo-médiatique » et titre même : « L’écologie serait-elle devenue une cause sacrée ? » Hulot bénéficie encore et toujours de sa position d’homme sympa, intègre, qui aime la nature et les animaux, il ne choque personne et n’attaque directement personne non plus. Pratique pour n’avoir que des amis…

En plus du phénomène Hulot, on a assisté ces derniers mois à une omniprésence écolo sur nos écrans noirs. De Yann Arthus Bertrand et son film « Home », véritable plaidoyer pour l ‘écologie, réalisé avec Luc Besson et diffusé à la veille des élections européennes ( !)  , au score inattendu (…) deux jours plus tard de ce nouveau parti « Europe Ecologie ».


Et dire que Claude Allègre était pressenti pour entrer dans le gouvernement d’ouverture de François Fillon à la suite des européennes…

Le « buzz » écolo devait connaître son apogée au sommet de Copenhague, mais il n’en a rien été. Depuis, la vague verte s’essouffle un peu, les médias nous submergent moins de bonnes résolutions  « durables », et les français ont connu une vague de froid cet hiver qui ne les a pas convaincus  du bien fondé de la thèse du réchauffement climatique !

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Entretien avec… Marcelle Padovani

Licenciée en philosophie, diplômée de Sciences Po et docteur en sciences politiques, Marcelle Padovani débute à l’Express, puis passe au Nouvel Observateur où elle couvre la gauche française au moment de la prise  de pouvoir du nouveau président de la république :  François Mitterrand.

Plus tard, elle demandera et obtiendra le poste qu’elle convoite, c’est à dire correspondant en Italie. Pourquoi l’Italie ? Parce qu’elle était «  fascinée de longue date par son coté “laboratoire” et par sa capacité à inventer des solutions nouvelles, sur les plan politique, économique et social. Fascinée aussi par le phénomène Mafia. »

Elle a écrit huit livres sur l’Italie, sur le communisme, sur le terrorisme, sur la mafia, sur la Sicile, plus deux livres-entretien: l’un avec Leonardo Sciascia (La Sicile comme métaphore) et l’autre avec le juge Giovanni Falcone (Cosa Nostra: le juge et les hommes d’honneur).

Marcelle Padovani est aussi à l’origine de plusieurs films télé dont un portrait de Falcone et un reportage sur les femmes et la mafia.

Quelles sont les particularités des Médias italiens ?

La première chose qui m’a frappée dès que je suis déboulée en Italie c’est le caractère élitaire, très peu pédagogique de la presse italienne, même pour ses grands quotidiens indépendants, tels Il Corriere della sera et La Repubblica. On suppose du lecteur qu’il connaisse déjà beaucoup lorsqu’on lui propose de lire un article. Il arrive souvent qu’on arrive à la fin d’un papier sans avoir compris quelle est l’information qui l’a motivé. C’est incontestablement un défaut.

La deuxième caractéristique qui m’a frappée, c’est le refus des chiffres, de la statistique, de l’enquête chiffrée, de la recherche d’informations quantifiables. Je crois que c’est un défaut non seulement de la presse mais de la société toute entière. Je me souviens, il y a une quinzaine d’années, je cherchais à savoir le nombre d’employés d ans la fonction publique, je ne trouvais rien, j’ai fini par appeler le cabinet du ministre, et on m’y a répondu, parce qu’on n’avait pas ce chiffre: ”C’est un secret d’Etat”…Du nombre d’employés publics comme secret d’Etat!!!

Troisième “défaut” : la tendance au “cerchiobottismo”, c’est à dire la tendance à se laver les mains d’un gros problème politique ou social, plutôt que d’avoir le courage de donner une opinion tranchée. Par exemple : le “procès bref”, récemment voté au Sénat, qui effacera des centaines de milliers de procès , tout simplement pour pouvoir effacer les deux procès qui mettent au pilori le Président du Conseil… Eh bien, il y a des grands quotidiens qui font semblant de ne pas s’apercevoir de la gravité de la chose, du fait que c’est la fin de la justice d’une certaine façon et qui titrent :”Le procès bref est voté…La polémique explose”, suivi de deux interviews, l’une favorable au projet gouvernemental, l’autre contraire… avec une évidente fuite de responsabilités car le journal en tant que tel ne prend pas position…

En revanche, et cela plaide en faveur de la presse italienne, les grands journalistes, les éditorialistes, sont très souvent beaucoup plus cultivés que les confrères français. Et ils parlent plusieurs langues.

Selon vous, pourquoi les « Verts » italiens ne connaissent le même essor qu’en France ?

L’écologie italienne est depuis toujours divisée en deux tronçons : ceux qui veulent seulement défendre la qualité de la vie, du territoire et du milieu, et ceux qui pensent que cette défense passe par un engagement dans les rangs de la gauche. Cette division a diminué l’impact des thèmes écolo. L’écologie italienne est aussi en proie à des profondes rivalités de personnes, qui rendent le staff des Verts impuissant.

Pourtant la sensibilité envers les thèmes écolo est importante. Elle est plus forte au Nord qu’au Sud, et c’est évidemment au Sud que les plus grands désastres ont lieu : pollution, destruction des cotes, urbanisation sauvage, trafic de déchets même toxiques.

En France, La Ligue du Nord est seulement connu pour être xénophobe et raciste. Est ce une vision objective ? Disposons nous d’assez d’informations dans les médias français sur ce sujet ?

La Ligue du Nord est un parti ouvertement xénophobe, qui promeut des lois anti immigrés, qui se vante de repousser les bateaux charges de migrants qui s’approchent des cotes italiennes, qui a inventé le délit d’immigration clandestine , qui demande des enseignants du Nord pour les élèves du Nord , qui préconise la sécession, qui fait pisser des cochons sur les emplacements destinés aux mosquées, qui a inventé les “rondes” anti immigrés, qui a eu le culot, dans une ville comme Trévise, d’ôter les bancs dans les jardins publics pour éviter que les immigrés ne s’y asseyent… Qui dit mieux, comme xénophobie militante et concrète ?

Pensez vous qu’un tel sujet puisse contribuer à donner une mauvaise image des Italiens à l’étranger ?

Je ne sais pas si les Français sont bien ou mal informés sur la Ligue du Nord, mais je sais en revanche que le discrédit qui frappe l’image de l’Italie à l’étranger, et qui suscite la floraison des clichés, ce n’est pas forcément la Ligue du Nord mais plutôt l’actuel Président du Conseil Berlusconi, avec son cortège de conflits d’intérêt, ses attaques contre la justice, ses histoires de bonnes femmes, son maquillage outrancier et ses comportements de matamore.

Quel est l’écho en Italie de la crise que traverse le Parti Socialiste Français ?

Il y a en ce moment très peu d’infos sur ce sujet dans la presse italienne. Très peu d’intérêt aussi. Parce que la situation de la gauche italienne est si catastrophique que personne n’a envie de connaître les soucis d’une consœur européenne, aussi sympathique puisse t’elle être. Mais d’une manière générale, contrairement aux Français, les Italiens ont tendance à surévaluer, à surestimer tout ce qui est étranger par rapport à tout ce qui est national. C’est ce qu’on appelle ici l’ ”autolésionisme” péninsulaire. Le contraire de l’arrogance française. Donc la gauche française doit surement jouir d’un préjugé favorable dans les tréfonds de l’âme italienne…

Remerciements à Marcelle Padovani.

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